Comment entendre l’indicible ? (N°39)
J'ai commencé à avoir mal dans le bas-ventre quelques mois après avoir accouché, en mars 2009, alors que je venais d'arrêter d'allaiter ma fille. C'était un peu comme une douleur prémenstruelle, sauf qu'elle était localisée à gauche et qu'elle se manifestait presque tous les jours sauf pendant les règles. J'ai supposé qu'il s'agissait de séquelles de mon accouchement, lequel a été long et très pénible (avec forceps).
Alors je me suis adressée à ma gynécologue qui, après m'avoir fait les contrôles d'usage, m'a fait faire une échographie abdominale et une radio. Comme ces examens n'ont donné aucun résultat, elle m'a envoyée chez mon médecin généraliste, me disant qu'une cause gynécologique semblait exclue. Ce dernier m'a toutefois dit que je souffrais peut-être d'endométriose, alors il m'a fait une injection de progestérone en début de cycle, me disant que si c'était effectivement de l'endométriose, cela pouvait la faire régresser et donc calmer la douleur… or une telle injection n'était pas conseillée, dès lors qu'elle bloquait l'ovulation et que j'espérais être enceinte.
Comme cela faisait plus d'une année qu'avec mon mari nous essayions d'avoir un deuxième enfant, sans succès, je ne suis pas retournée chez lui, préférant m'adresser à une endocrinologue spécialisée dans la reproduction - laquelle m'avait déjà suivie par le passé - afin de faire un bilan hormonal. Elle a demandé à ma gynécologue de me faire une laparoscopie, afin de détecter une éventuelle endométriose. J'ai donc subi cette opération au mois de mars 2010, pour rien si ce n'est pour me dire que j'allais très bien ! Comme nous étions sur le point d'entamer une procédure de procréation médicalement assistée, je me suis focalisée sur mon objectif d'avoir un bébé… même si pendant ce temps la douleur continuait de me pourrir la vie.
Après avoir eu un accident de voiture en juin 2010, j'ai commencé un traitement de physiothérapie. J'ai parlé de cette douleur à mon physiothérapeute, lequel m'a assuré que c'était purement congestif et que cela passerait en faisant régulièrement un exercice qu'il m'avait conseillé. Mais cela n'a rien changé, et après trois inséminations artificielles ratées, plus le cambriolage de notre maison au mois de novembre 2010, ainsi qu'une chute dans les escaliers qui m'a valu une cheville foulée, j'ai mal commencé l'année 2011.
Etant très déprimée, j'ai consulté un psychologue, et c'est lui qui m'a conseillé de contacter le Cabinet d’antalgie de la Clinique Générale de Fribourg. J'ai immédiatement téléphoné à ce cabinet, mais on m'a expliqué que je devais passer par mon médecin généraliste. J'ai lui ai donc téléphoné, mais n'ai pas pu le joindre dès lors qu'il était trop occupé pour me parler. Son assistante m'a dit qu'il me rappellerait, mais j'ai attendu en vain… après quelques jours c'est moi qui ai rappelé, pour m'entendre dire par son assistante qu'il ne voulait pas m'adresser au centre en question, parce que tout ce qu'ils feraient serait de me bourrer de médicaments antalgiques, ce qui ne résoudrait pas mon problème. Et c'est tout… je n'ai même pas pu lui parler, et il ne m'a pas dit ce que je pouvais faire d'autre !
J'étais dépitée, et j'avais tellement mal… la douleur se manifestait toujours quotidiennement, survenant par crises et disparaissant après 20 à 30 minutes d'immobilité. J'avais déjà remarqué qu'elle apparaissait quand je m'allongeais le soir dans mon lit, ou quand je m'installais dans ma voiture après une journée au travail, assise derrière un ordinateur... puis j'ai constaté que je commençais le plus souvent à avoir mal quand je croisais les jambes ou quand je me couchais en chien de fusil. J'ai aussi senti qu'elle était devenue plus intense, et que désormais elle irradiait le long de ma cuisse gauche et autour de l'aine. C'était insupportable… et j'étais fatiguée d'avoir mal presque tous les jours, depuis plus de deux ans.
J'ai donc fini par consulter un autre médecin qui, après m'avoir fait passer une IRM et constaté qu'il n'y avait rien de visible, m'a adressée au cabinet d'antalgie. Je m'y suis rendue en décembre 2011, et c'est là que j'ai entendu parler de rééducation sensitive…
N'ayant aucune idée de ce que cela pouvait bien être, c'est avec une certaine appréhension que je suis allée à mon premier rendez-vous le 3 janvier 2012. J'en suis ressortie heureuse et très motivée, Monsieur Spicher m'ayant expliqué qu'il s'agissait certainement d'un nerf qui était abîmé à force d'être compressé (si j'ai bien compris), ce qui pouvait tout à fait être "réparé" grâce à la rééducation sensitive, et m'ayant conseillé de voir une ostéopathe dont il m'a donné le nom. A mon deuxième rendez-vous, j'ai rencontré Madame Vittaz, qui m'a demandé de décrire ma douleur (ce qui n'a pas été facile), a fait une sorte de carte de la zone où j'avais mal, laquelle était comme "endormie", et m'a demandé de faire plusieurs fois par jour la "thérapie du touche-à-tout", qui consiste à toucher avec différents tissus la zone endormie, puis la même zone de l'autre côté, là où ce n'est pas endormi, le but étant d'apprendre à mon cerveau que la sensation doit être la même des deux côtés. Je dois avouer que j'étais un peu sceptique. A chaque séance, Madame Vittaz ou Monsieur Spicher, à tour de rôle, ont fait des tests et de savants calculs pour voir si la zone définie sur la "carte" était moins endormie que la fois précédente. Entre temps, je suis allée voir à plusieurs reprises Madame Genevois-Zürcher, ostéopathe dont Monsieur Spicher m'avait parlé… elle a remarqué que mon bassin ne bougeait pas et que cela me créait de grosses tensions. A ma grande surprise, j'ai constaté, après quelques semaines, que j'avais mal moins souvent, et que la douleur était moins intense ! Et ça n'a fait que s'améliorer au fil des semaines. J'ai eu mon dernier rendez-vous au Centre de rééducatin sensitive le 3 avril 2012, soit exactement 3 mois après avoir débuté le traitement, et je regrette un peu d'avoir attendu si longtemps avant de prendre les choses en main. Je n'ai pas du tout eu mal depuis, et c'est merveilleux de pouvoir se coucher sans appréhensions… mon moral va mille fois mieux et c'est mon mari qui est heureux de me voir sourire à nouveau. Je vous remercie pour tout !
Follow-up de 84 jours:
« La bonne nouvelle est que les douleurs ne sont pas revenues :). Je continue de voir régulièrement Madame Genevois-Zürcher, et cela me fait le plus grand bien !
Pour ce qui est de mon témoignage, je souhaite le laisser tel qu’il est, vu que c’est ainsi que je l’ai ressenti au moment où je l’ai écrit. Je n’ai rien à y ajouter. »
A. N.