Inutile d’aller au bout du monde ! (N°69)
La Californie ! Ses plages interminables, ses palmiers, son soleil et ses températures estivales qui rendent tout plus beau et plus facile...mais c’est loin, et c’est cher ! Douze heures de vol avec Swiss depuis Zurich, puis louer une voiture, se loger et, si possible, se débrouiller en anglais. Et comment on fait, quand on ne peut pas rester assise plus de 15 minutes sur un de ces coussins troués utilisés par certaines femmes après leur accouchement, comment on fait quand la position debout est également rapidement insupportable et que l’on doit s’allonger très régulièrement ?
Et bien, je l’ai fait, deux fois même. Pour l’espoir d’une guérison, d’une vie retrouvée, pour ne plus souffrir 24 heures sur 24, sans répits, sans une minute de soulagement, pour ne pas sombrer, pour ne pas mourir. Après une semaine d’hospitalisation pour d’intenses douleurs, des mois à pleurer, à survivre. Cette douleur qui vous prend entièrement, vous transforme, vous annihile.
La Californie, c’est l’espoir. Alors je pars, seule, vol business class pour pouvoir m’allonger, mon mari me conduit à l’aéroport de Bâle, je suis couchée sur le siège arrière. Une amie viendra me chercher à Los Angeles. Elle me conduira dans un centre du plancher pelvien, spécialiste de la névralgie pudendale pour trois semaines de traitement intensif en physiothérapie pelvi-périnéale. J’y ferai également des injections de toxine botulique. Une expérience formidable avec de véritables spécialistes, attentionnés et à l’écoute. Mon état s’améliore, mais les douleurs sont toujours là, et je ne peux toujours pas m’asseoir. De retour en Suisse, je suis capable de reprendre partiellement mon activité professionnelle, avec quelques aménagements. Mais le quotidien et la vie sociale restent compliqués. Je continue la physiothérapie, et après 18 mois, plus ou moins tout ce qui pouvait être fait au niveau mécanique a été fait. Je vais encore voir un spécialiste en France, recommandé par ma thérapeute aux Etats-Unis. Il veut m’opérer. « Il faut couper les adhérences qui entravent le nerf pudendal ».
Un jour, au détour d’une conversation avec un collègue, j’entends parler de rééducation neuropathique. Avec la peau de lapin. Comme je m’intéresse aux neurosciences depuis longtemps, je me dis que c’est ce qu’il me faut. J’y crois. Mais cette thérapie traite-t-elle cette zone particulière du corps ? Justement, il y a une ergothérapeute non loin de mon lieu de travail. Je l’appelle, lui parle de névralgie pudendale, et elle connaît !! Et l’espoir renaît. Et pas besoin d’aller à l’autre bout du monde !
Cela fait maintenant trois mois que je me traite selon le protocole utilisé en rééducation sensitive, et je viens de passer un cap au niveau des douleurs qui ont déjà bien diminué. Je ne me souvenais plus que la vie était belle, et qu’il faut garder espoir ! Je me réjouis de chaque jour qui passe, car cela me rapproche de la guérison. Avant, mon meilleur ami était mon coussin à trou, je l’emportais partout, tout le temps. Grâce à lui, je pouvais m’assoir. Maintenant, ma meilleure amie, c’est ma peau de lapin. Grâce à elle, je retrouve le chemin de la vie.
S., une voyageuse.