Je m’aperçois que ce que je prépare n’a aucune odeur (N°68)
Dimanche soir, le 13-09-20, je prépare le repas ... et je m’aperçois que ce que je prépare n’a aucune odeur... Je vérifie les dates de péremption, j’inspecte l'apparence : tout semble pourtant normal. J’appelle mon mari qui vient sentir et pour lui l'odeur est habituelle. Pour mes enfants, aussi. Du coup, je commence à sentir tout ce qui est autour de moi, mais plus rien n’a d’odeur... Et là je comprends que j'ai certainement la COVID, avec ce symptôme qui me paraissait si abstrait lorsqu’on en parlait à la radio ou la TV ! Je goûte tout ce qui est dans mon frigo et je fais alors la grande différence entre le sens qu’on appelle le goût : sucré, salé, amer, acide, aigre-doux (sensations données par la langue, toujours présentes[7]) et toutes les autres saveurs en lien avec l’odorat, que je n’ai absolument plus.
Situation plutôt marrante les 2-3 premiers jours, cette perte de sensation devient finalement très vite pesante : manger n’a plus aucun intérêt quand rien n’a de saveur. Plus de raison de mettre de la confiture ou de la pâte à tartiner sur votre tartine le matin ni de rajouter de la crème ou des petites herbes dans un plat, quand vous ne le percevez pas. Donc je suis à la lettre les recettes, et je demande à mon entourage de venir gouter les plats pour ajuster les assaisonnements.
Et quand j’entends autour de moi que la plupart du temps ces symptômes se normalisent en 2- 3 semaines, ce n’est pas mon cas. Au bout de 3 semaines d’anosmie – totale –, je perçois enfin quelques « flashs » odorants : une seconde où je perçois une odeur, puis de nouveau plus rien. Alors j’essaie de tout sentir, tout goûter, pour avoir ces petits flashs à nouveau !
Formée à la méthode de rééducation sensitive des douleurs neuropathiques, je comprends que je dois entamer une véritable rééducation, pour re-créer ma bibliothèque d’odeurs : je sens ou je mange en étant très concentrée, en me disant parfois le nom de l'odeur ou de la saveur à voix haute. On m'offre le jeu du "Loto des odeurs" pour m'exercer. Je m'inspire aussi de protocoles trouvés sur internet. Et au fil des mois je récupère progressivement.
Plus d’un an est passé et tout n’est pas revenu à la normale. Il me manque encore des odeurs et des saveurs (surtout les mauvaises, sur lesquelles j’ai moins travaillé !!).
C’est parfois un avantage « un enfant à vomi - Aucun problème, je gère ! », mais aussi un désavantage, car c'est une vraie perte d’informations : il est bien utile de sentir quand votre plat brûle dans le four ! Et il est parfois pénible de ne pas percevoir certaines odeurs, alors que tout votre entourage les perçoit. Je me retrouve la seule à ne pas comprendre ce qui parait évident pour tous !
Mais j’ai bon espoir de progresser encore !