L’air confiant, il avait décidé de me faire confiance
Marylène DUFORT[1], BSc erg., RSDC®
Je l’ai vu entrer dans ma clinique, la tête basse, le regard au sol. Il a longé les murs pour ultimement se retrouver en face de moi. Il m’a regardée l’air inquiet, incertain, intrigué. Il a daigné répondre à toutes mes questions. Il a quitté et je me suis demandée s’il reviendrait. J’ai refermé la porte doucement, comme si j’avais eu peur de l’effrayer. Une semaine plus tard, je l’ai revu l’air confiant, il avait décidé de me faire confiance. J’avais dû lui dire la phrase qu’il attendait depuis ce qui lui avait semblé être une éternité. Mes mots avaient dû résonner dans sa tête : ʺje vous comprends, je sais ce que vous vivez à chaque jour depuis maintenant bien trop longtemps, je vous propose une nouvelle approche, vous devez maintenant m’aider à vous aiderʺ.
Il s’est présenté à de multiples rendez-vous, il a vécu des peines, des espoirs, des déceptions et des petites joies jusqu’au jour où je l’ai vu entrer d’un pas plus léger que la soie avec laquelle il avait recouvert ses vêtements. Il avait perdu sur ses épaules le fardeau qu’il avait traîné durant des années. Il rayonnait de son sourire, il avait repris vie comme une plante qui renaît après avoir manqué d’eau trop longtemps. Il regardait maintenant devant lui, il regardait maintenant vers l’avenir. Il a bondi hors de mon bureau et il s’est à peine retourné pour me dire qu’il était enfin redevenu l’homme qu’il avait toujours été, mais que la vie avait durement écorché au passage.
Je me suis assise et j’ai respiré cet air qu’il avait si vivement déplacé à sa sortie. Je me suis dit : merci la vie pour ces bonheurs, pour ces réussites, pour ces défis, pour cette passion, pour chaque jour où je me lève et que j’apprécie simplement chaque lever et coucher de soleil comme s’ils étaient mes derniers.
[1] 431, Bd Adolphe Chapleau ; suite 101 ; J6Z 1H9 Bois-des-Filion (Québec), Canada
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