Le pouvoir de la musique

HJ LIM[1]

Bien que j’aie commencé à jouer du piano à l’âge de trois ans, et que j’aie laissé ma famille, mes amis et ma terre, la Corée du Sud, pour aller étudier le piano en France à l’âge de 12 ans, je n’avais pas encore “rencontré” la musique. Il m’aura fallu attendre l’année 1999, pour véritablement “écouter” la musique. Durant les terribles tempêtes qui avaient tant ravagé la France, je vivais une déchirure intérieure, car pour la première fois de ma vie, j’étais une étrangère dans un pays étranger. Je n’avais plus de langue, plus de famille et plus d’amis. Plus difficile encore que d’être séparée des êtres que j’aimais et de mon pays, c’était de faire face à l’incompréhension des gens qui me considéraient comme une personne de trop. Avec mon apparence trop exotique pour eux, ne parlant pas leur langue, venant d’un pays dont ils n’avaient pas même idée, je provoquais la moquerie, la méfiance et l’hostilité sans même avoir la possibilité de les adoucir avec des paroles, car je ne parlais pas un mot de français.

Pour moi, l’étranger, l’inconnu, la nouveauté étaient synonymes de liberté, d’ouverture d’esprit, d’apprentissage, de progrès et de découverte. Du haut de mes 12 ans, j’avais hâte de découvrir ce continent que l’on appelle l’Europe où vivent des gens avec des yeux bleus, de grands nez et des cheveux jaunes qui sont dans des châteaux et se baladent en carrosse. Pas une seule seconde, j’étais prête à m’imaginer que c’est moi qui allais être l’étrangère dans cette histoire et que j’allais percevoir autant d’étrangeté dans le regard des gens.

Heureusement, j’avais une langue et cette langue, tout le monde la connaît dans le monde entier et tous peuvent la comprendre, car elle n’a pas besoin de mots, de culture, ou de frontières. C’est une langue qui parle de cœur-à-cœur, d’âme-à-âme et qui n’a besoin que d’une seule chose : la présence. Cette langue, c’est ma langue maternelle, c’est elle que j’ai apprise en premier avant même de savoir lire et écrire le coréen, c’est elle qui m’a appris ce qu’est l’étude, la discipline et d’avoir un rêve. Cette langue, c’est la musique. Les notes de musique que j’apprenais me semblaient être des têtes de pousses de sojas sur papier. Le chant qui sortait du piano c’était ma voix et c’était ma langue la plus familière, la plus amicale, et la plus intime.

Durant un cours de musique au collège qui avait lieu juste après la récréation, où je subissais les moqueries habituelles à cause de mon apparence et mon mutisme, le professeur de musique m’appela devant toute la classe. « Lim, peux-tu venir ici et jouer un morceau au piano pour nous ? »

J’avançais vers ce petit piano électrique et mon cœur battait de joie, de honte, de peur et d’espoir. Il faut dire qu’à chaque fois que je vois un piano, où qu’il soit, cela me provoque un sentiment inexprimable. Il me donne l’impression de retrouver un vieil ami qui m’a tant manqué et j’ai envie de le serrer dans mes bras et lui dire « où étais-tu passé durant tout ce temps, je suis tellement contente de te voir ici, ta présence me fait un bien fou ». Surtout lorsque le piano se trouve dans un endroit improbable comme dans une gare, un aéroport, dans la rue, ou comme ce jour-là, dans une salle de classe remplie de gens qui ont du mépris pour ma personne. Comment parler à ces gens qui se comportaient comme des ennemis avec mon langage le plus intime, le plus amical et le plus aimant qui soit ! Devant ce petit piano électrique, j’étais fatalement appelée à répondre à leur violence par l’amour. L’essence même de la musique, même lorsqu’elle exprime la révolte, contient en elle une compassion et une force consolatrice, comme si elle nous comprenait. Elle comprend notre violence et parce qu’elle a été exprimée en musique, elle est immédiatement sublimée et purifiée. Elle est immédiatement comprise au moment même du déclenchement de cette expression. Comprise par la musique elle-même.

Je me lançais donc dans les « Touches Noires » de Chopin, la cinquième étude pour piano appelée ainsi, car la main droite ne joue que les touches noires du piano. Très vite, il n’exista plus que cette étude de Chopin joueuse, coquette, empreinte de camaraderie et toute pleine de vivacité. Je redevins une fille de douze ans immergée dans un jeu drôle, dans son monde le plus familier, s’amusant avec les touches du piano, oubliant d’être étrangère dans un pays étranger.

S’en suivit un silence de mort et je me dis au fond de moi-même, pétrifiée, que mon ultime tentative d'être amicale a échoué. Puis, une par une, j’entendais des mains applaudir à l’unisson. Et finalement, ces visages, il y a peu de temps si hostiles, s’étaient totalement transformés et m’envoyaient un enthousiasme sincère, qui me fit monter les larmes aux yeux, de soulagement et de joie. A la récréation, je fus entourée de mes camarades de classe enfin intéressés à faire connaissance avec moi, à me considérer comme une personne et même, devenir mes amis.

Ce que j’étais incapable de formuler avec des mots, j’arrivais à les dire en musique. Toutes ces choses que j’avais tellement envie de partager avec eux, que j’étais une enfant comme eux, que je n’avais pas de cornes, seulement une tête qui pense et un cœur qui ressent. Tout comme eux, je ne suis pas si différente, même avec mes cheveux noirs et mes yeux bridés d’Asie, avec ma singularité et mon unicité, je suis tout simplement un être humain qui vient du ventre d’une mère. Tout comme eux. Rien de plus. Avec mon piano, c’était mon cœur qui leur parlait sans passer par un filtre de gêne, de maladresse ou de peur. Ces quelques minutes de musique balayèrent d’un revers de main les frontières, les 9000 kilomètres de distance, la différence de culture et de langue. Le piano devint mon lien avec le monde extérieur, le seul langage avec lequel je pouvais me faire comprendre. Même mon âme pouvait se faire comprendre.

C’est ainsi que j’ai vraiment « rencontré » la musique. C’est quand elle m’était devenue indispensable et vitale. Qu’elle n’était plus un rêve, mais une vocation. Qu’elle n’était plus un métier à exercer, mais une raison d’être. Elle était devenue l’absolu. Tout d’un coup, je comprenais le fait que la musique soit une langue universelle. Oui, ce n’était pas un cliché mais une urgence absolue, mon kit de survie.

Avant, lorsque j’écoutais le deuxième concerto pour piano de Rachmaninov, je le trouvais grandiose et beau, mais si cela durait trop longtemps, il finissait par devenir un bourdonnement lointain. Un accessoire en fin de compte. Mais durant ces tempêtes, loin de tout, seule dans cette église déserte, sombre, humide et si froide, avec mes mains qui gelaient, alors que je mettais mes écouteurs et écoutais ce concerto de Rachmaniov, chaque harmonie entrait dans chacune de mes cellules et la purifiait. Mes cellules dansaient au gré des changements harmoniques et mélodiques aux mille couleurs. J’étais complètement bouleversée, ébahie de joie et tétanisée de félicité. Un éclatement de conscience. Le véritable voyage n’était pas les 9000 kilomètres qui séparent la Corée de la France. Ce fut ce voyage de 33 centimètres, la distance entre la tête et le cœur. Une stupéfiante ouverture d’esprit. La grenouille du puits a enfin rencontré l’océan.

Après avoir vraiment « écouté » ce concerto, je me dis que le soliste qui a la chance de jouer cette œuvre avec un orchestre, doit être la personne la plus heureuse, et la plus chanceuse du monde. Je me souviens d’avoir pensé que si cela m’arrivait un jour, si vraiment par miracle, je devenais cette soliste, je n’envierais pas mille tickets d’entrée au paradis. Car j’y serais alors déjà entrée.

Aujourd’hui, 18 ans plus tard, j’ai joué ce concerto, beaucoup, pour de vrai, dans de nombreux pays, à Londres, à Buenos Aires, à Hambourg, à Séoul, d’innombrables fois avec des orchestres différents. A chaque fois, mon cœur est tétanisé de bonheur, et je n’arrive jamais à y croire complètement car je suis consciente de vivre un miracle, celui que j’ai tant attendu depuis mes 12 ans. Le miracle peut donc vraiment se produire ? Lorsque mes mains commencent à effleurer les premiers accords du concerto, je réalise que je ne suis pas dans l’église glaciale avec mes écouteurs, mais bien sur scène entourée de l’orchestre et du public tout ouïe à être bouleversés avec moi. Mais personne ne se rend compte de mon étonnement face à cet émerveillement qui surgit à chaque fois.

Je n’oublie pas l’éclatement de conscience de mes 12 ans et je n’oublierai jamais ma profonde gratitude envers la musique.

A chaque répétition, à chaque concert, je n’oublie pas non plus de retrouver mon ticket d’entrée au paradis et de le partager avec mon public, prête à y rentrer une fois de plus, afin d’y apporter encore plus de lumière que la dernière fois.

 

« Aujourd’hui, je sais qu’il n’y a qu’une seule liberté, la liberté intérieure (…).

Ainsi, ma quête, loin d’être achevée commence à peine.

 Et si je suis fière du chemin parcouru, je me sens humble – ô combien ! – devant celui qu’il me reste à entreprendre. C’est le mien. Il n’y en a aucun autre identique dans toute l’histoire du monde. Il a ses jours de faiblesse et de peine, ses veilles de rien, ses matins de labeur et ses soirs de grâce.

Lim, H.J. (2016). Le son du silence. Paris : Albin Michel

Il a ses beautés étranges et ses abandons vulnérables, ses simples fatigues aussi. J'ai cessé de le comparer à celui de quiconque. Je suis consciente qu’il n’est qu’un fil dans l’immense tapisserie que compose l’Univers. Seulement un fil ni plus ni moins indispensable que tous les autres pour, avec le mien, composer ce paysage infini de l’être. »


 
음악의 힘

임현정[1]

만 3살에 피아노를 시작하고
12살에 나의 땅 한국, 부모님, 친구들을 떠나 프랑스로 유학을 떠났지만 내가 정말 피아노를 진정으로 만난것은 1999년도 였다.
그때 당시 프랑스는 살인적인 태풍이 몰아치는 겨울이었고,
나의 마음은 벼랑끝에서 발버둥치고 있었다.
나에게는 고향도, 친구도, 가족도 언어조차도 없는 타국땅에서
나는 난생처음 홀로 이방인이 되었던 것이다.
하지만 그것보다 더 힘든것은
나를 바라보는 프랑스인들의 얼음보다 더 차가운 눈총이었다.

나의 조국에 대해 한번도 들어보지 못한 그들은 언어도 구사하지 못하는 나의 모 습이 너무나도 낯설다는것을 집요하게 느끼게 해주었다. 프랑스인들은 나를 놀려 대며 적대시 하였고 프랑스 언어를 한마디도 할 줄 모르는 나는 그들에게 대변할 수도, 그들을 달랠수도 없었다.

겨우 12살인 나는 유럽이라고 하는 낯선 땅에 성에 살면서 마차를 타고 다니는 파 란눈의 노란 머리의 유럽인들을 빨리 보고싶은 마음 뿐이었고 내가 낯선사람을 바 라보는 시각은 그저 설레임, 기쁨, 희망, 새로움, 자유, 열린정신, 발전, 배움 등으 로 가득차 있었다. 그 당시 나는 설마 나 자신이 바로 그들의 눈에 너무나도 낯선 이방인이 될줄은 단 일초도 상상을 못하였다.

다행이도 나에게는 구사할수 있는 하나의 언어가 있었다. 그 언어는 전세계인이 아는 언어이고
그 누구나 이해할수 있는 언어이며
국경도, 단어도, 문화조차도 필요 없는 언어이다.

그언어는가슴과가슴으로, 영혼에서영혼으로통하며그언어가필요로하는것은단하나밖에없다.

존재 그 자체이다.
그 언어는 나의 모국어 이며

한국어를 쓰고 읽기전에 먼저 배운 언어이고
그 언어는 나에게 공부와 질서를 가르쳐주었으며 꿈을 같게 해주었다. 그 언어는 바로 음악이다.
종이위에 춤추는 음표들은 콩나물 대가리 같았고
피아노에서 나오는 목소리는 나의 목소리이며
이 언어는 나에게 가장 친숙하고 따듯한 엄마품같은 언어이다.

그날도 역시 여느때와 마찬가지로 쉬는 시간에 프랑스 아이들은 나의 모습을 비꼬 며 놀려댔다. 그 후 음악시간에 선생님께서 갑자기 나를 부르시더니 이렇게 말씀 하셨다 : “림 (Lim), 앞으로 나와서 피아노 연주를 해보렴.” 나는 당황하며 설레이 고 두근거리는 심장을 진정시키며 피아노 앞으로 걸어나갔다.

언제 어디서나 피아노만 보면 설명할 수 없는 감정이 일어나곤 한다. 꼭 오랫동안 못봤던 보고싶은 옛친구를 만난 기분이 들며 어서 달려가 껴안으며 “너 어디갔다 이제왔니, 여기서 널 보니 너무나도 반갑구나!” 라고 외치고 싶다. 특히 피아노가 있을성 싶지 않은 곳에 있을때는 그런 마음이 더더욱 일어난다. 기차역, 공항, 길 거리, 혹은 그때당시 같이 나를 적대시하는 사람들만 있는 교실. 원수같이 행동하 는 그들에게 어떻게 가장 사랑스럽고 친절한 언어로 소통을 하란 말인가! 난 그 피 아노 앞에 앉는 순간 선택의 여지도 없이 그들의 공격에 대해 사랑으로 대항할 수 밖에 없었다.

음악은 아무리 공격적인 표현을 할지라도 음악의 본질 자체가 이타적이기 때문에
우리를 위로하며 치유해주는 큰 힘을 갖고 있다. 음악은 우리의 고통을 이해하고

그것이 음악으로 표현되는 순간
그 고통은 치유가 되며 승화하여 아름다워 진다.
그 순간 그 즉시 음악은 그 고통을 받아드리며 어루만져주는 것이다.

결국나는피아노에앉아쇼팽의“흑건”를연주하였다. 이작품은오른손이흑건반만연주를해서“흑건”이라는별명이붙은곡이다. 이곡을시작하는순간그모든것을다사라지고나와흑건만존재하였다. 너무나도장난끼있고재미있는이곡을연주하면서나는어느새그저즐겁게

장난치고 있는 12살의 소녀로 돌아왔 다. 타국에서 이방인이 되는것조차 잊어버리고 가장 친숙하고 익숙한 공간에서 피 아노 건반과 함께 재밌게 놀고있는 장난끼있는 천진난만한 12살소녀가 된 것이다.

연주가 끝나자 묘한 침묵이 전 교실에 진동하였다. 그 짧은 순간 그들과 친해지고 싶은 그 간절한 소망이 결국 실패로 끝나는 것인가 하는 생각이 스쳐지나갔다. 하 지만 서서히 한명 한명씩 박수를 치기 시작했으며 결국 모두가 동시에 박수를 치 며 찬사를 보내주었다. 나의 눈에는 만감이 교차하는 눈물이 흘렀고 쉬는 시간에 는 처음으로 아이들이 나에게 다정하게 다가와 진심으로 말을 걸었고 그것을 넘어 친구가 되고 싶어 하였다.

내가 말로서 표현할수 없는 것을 음악은 가능하게 해준것이다. 나도 너희들과 마찬가지로 한 아이일 뿐이라고.
내가 뿔이 난 것도 아니고 그저 너희들과 같이
생각하는 머리가 있고 느끼는 심장이 있다는 것을.

내 머리가 까맣고 눈이 아시아적일 지라도
나의 유니크한 모습과 나의 개성과 함께
엄마의 배속에서 나온 한 인간일 뿐이라는 것을.
그저 너희들과 똑같은 더도 덜도 아닌 한 인간이라는 것을.

피아노는 두려움이나 어색함을 바로 극복하게 하여 나의 마음을 있는 그대로 직접 전달해 준 것이다. 단 몇분의 음악은 9000킬로미터의 거리와 문화와 언어의 다름 을 순시간에 사라지게 하였다. 피아노는 나와 바깥 세상을 연결해 주는 가장 멋있 는 다리가 되었으며 내가 말하고 이해할수 있는 유일한 언어가 되어주었다. 나의 영혼조차 피아노를 통해 세상과 대화할 수 있게 된 것이다.

그때야 말로 나는 음악을 진정으로 만났다.
그저 막연한 꿈이 아닌 사명으로 다가왔을때,
그저 일하는 직업이 아닌 존재의 이유로 나가왔을때
음악은 나에게 절대적인 것이 되었다.
“음악은 유니버설한 언어” 라는 표현이 그 순간 나에게는 그저 언어라는 개념을 뛰어넘어 “생존키트”로 다가온 것이다.

예전에라흐마니노프피아노콘체르토 2번을들을때는참아름답다, 멋있다라는느낌을받았지만너무오래들으면그저멀리서웅웅거리는소리로만들렸다. 결국하나의엑세서리에불과했던것이다. 하지만

태풍이 몰아치는 그날, 춥고 으시 시한 어두운 교회 안에서 꽁꽁 얼은 손가락을 녹이며 들은 라흐마니노프 콘체르토 의 화성들은 나의 모든 세포 하나하나와 한몸이 되어 모든것을 정화시켰다. 나의 세포들은 무궁무진한 화음과 멜로디의 변화에 몸을 맡기며 천태만상의 뉘앙스와 함께 춤을 추었다. 나는 너무나도 강렬하게 다가오는 쓰나미같은 환희에 공포를 느꼈고 나의 의식은 사방으로 산산조각이 났다.

하늘만 보던 우물안에 개구리가 갑자기 끝도없이 넓은 대서양을 보며 정신이 확 열린것이다. 진짜 여행은 한국과 프랑스를 가로지르는 9000킬로미터가 아니라 머 리에서 가슴까지의 33센티미터 여행 이었던 것이다.

그 콘체르토를 “진정으로” 들은 후 나는 그 곡을 오케스트라와 함께 연주하는 솔 리스트는 이 세상에서 가장 행복하고 축복받은 사람이 아닐까 하고 생각하였다. 그리고 혹시 훗날 정말 기적적으로 내가 그 솔리스트가 된다면 나는 천국에 들어 가는 1000장의 티켓이 다 부럽지 않으리, 왜냐하면 나는 그 순간 벌써 천국에 들 어가 있을 것이니까, 하며 꿈을 꾸었다.

18년 후 오늘의 나는 전 세계를 순회하며 런던, 부에노스아이레스, 함부르크, 상파 울로, 서울 등에서 많은 오케스트라와 함께 연주회를 하며 정말로 이 콘체르토를 수없이 연주하였다. 연주할 때마나 나의 심장은 여전히 환희에 차있으며 아직까지 도 믿어지지가 않는다. 12살부터 그렇게 간절히 기다렸던 그 기적을 실제로 지금 여기에서 경험하고 있다는 것이 연주하는 순간순간 마다 나를 깊은 은혜에 가득차 게 한다.

기적은 정말로 가능한 것이란 말인가?

라흐마니노프 콘체르토의 첫 코드를 쓰다듬을때서야 진정 나는 지금 어둡고 추운 교회안에 홀로 있는것이 아니라 감동의 도가니로 함께 떠날준비를 하고 있는 오케 스트라와 청중에게 둘러쌓여 있다는 것을 알아차린다. 연주때마다 나의 내면에서 일어나는 경이로움과 놀라움은 그 누구도 알아차리지 못한다.

12살에 찾아온 33센티의 여행을 어찌 잊을 수 있단말인가.

나의 가슴에서 샘솟고 있는 감사함의 폭포수는 영원히 멈추지 않을것이며, 천국 티켓을 청중과 함께 나누는 것도 잊지 않을것이다.

언제든지 더 찬란한 빛을 비추며 입장하여야 하니까.

[1] Pianiste, auteure

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